Magie et envoûtement dans l’Égypte ancienne




La magie n’a pas de patrie, mais elle a un berceau : l’ancienne Égypte. Bien que les pratiques occultes de l’Occident aient probablement plus de racines dans les civilisations de l’Euphrate que dans la vallée du Nil, c’est toujours sur la terre des Pharaons que les magiciens arabes, puis européens ont situé les origines de leur art. La Kabbale ne dit-elle pas que des dix parts de magie qu’a reçues la Terre, neuf sont échues à la seule Égypte, tandis que le reste du monde s’est partagé la dixième ? La Bible ne présente-t-elle pas les magiciens égyptiens si puissants qu’ils peuvent reproduire les sortilèges que l’Éternel fait accomplir à Moïse pour convaincre Pharaon ? Chaque Égyptien est à sa manière un magicien, et participe de cette puissance que les dieux ont donné aux hommes pour agir sur le réel, le Heka. Il n’est pas un scribe, il n’est pas un prêtre qui ne doive à l’occasion recourir à cette pratique. Irtysen, un sculpteur du Moyen Empire, après avoir détaillé ses compétences techniques et artistiques, proclame :  » Quant à toute forme de Heka, j’en ai la connaissance « . Sculpter une statue est en effet faire œuvre de Heka, car l’Égyptien n’y voit ni commémoration, ni esthétique, mais un moyen de proroger magiquement pour l’éternité un peu de l’existence de son modèle. Tracer des hiéroglyphes est aussi faire œuvre de Heka, car la maîtrise du mot écrit confère de la puissance sur la chose décrite, et la pérennité extraordinaire du système graphique égyptien, lourd, compliqué, incommode, s’explique essentiellement par la valeur magique de cette écriture.
Les Égyptiens, qui croyaient à la puissance d’un mot ou d’un symbole, craignent et adorent ces dieux qui sont utiles et dangereux selon la personne qui les utilise.



La politique aussi est en Égypte affaire de magie. Le pharaon ne compte pas seulement sur ses armées pour repousser les assaillants, ou sur ses diplomates pour circonvenir les nations hostiles. Il compte aussi sur ses magiciens pour ensorceler les chefs ennemis.

Le rituel magique des quatre boules est expliqué sur un papyrus magique du Metropolitan Museum de New York, et sur les murs du temple d’Hibis dans l’oasis de Kharga. Il s’agit d’une pratique culturelle destinée à contrer les ennemis du dieu Osiris, notamment son frère maléfique Seth, dont les attaques pourraient compromettre la bonne marche du monde. Tous les jours, dans certains temples, étaient modelées quatre boules d’argile, chacune inscrite au nom d’une divinité, et sur lesquelles était récitée une formule contre un éventuel agresseur d’Osiris. Le rite s’achevait par la projection des sphères d’argile vers chacun des points cardinaux.

Parmi tous les talismans dont les Égyptiens étaient bardés, il existe une catégorie très intéressante, mais dont l’emploi n’est attesté que pour la IIIème Période Intermédiaire (début du premier millénaire av. J.-C.). Il s’agit de bandes de papyrus très étroites (environ 6 cm), mais dont la longueur peut dépasser le mètre. Une vingtaine de ces textes ont été retrouvés jusqu’à présent, principalement dans la région de Thèbes. Chacun d’entre eux porte une longue bénédiction édictée par certains dieux, et mettant l’individu qui le portait à l’abri des maladies, des maléfices et des malheurs divers qui auraient pu le frapper, et qui sont explicitement énumérés sur le document. Les quelques extraits suivants d’un de ces papyrus donnent un bon exemple de ce genre de textes :
 » Nous préserverons Bouirouharkhons, dont la mère est Djedkhons, notre servante et notre progéniture. Nous la garderons saine dans sa chair et ses os. Nous ouvrirons sa bouche pour qu’elle mange et nous ouvrirons sa bouche pour qu’elle boive. (…) Nous la préserverons de tout démon mâle et de tout démon femelle. Nous la préserverons d’un démon du fleuve, d’un démon d’un canal, d’un démon d’un puits, de tout démon d’un lac. (…) Nous la préserverons d’une affection du cœur, d’une affection des poumons, d’une affection de la rate, d’une affection de la tête, d’une affection de l’abdomen (…). Nous la préserverons de tout trouble et de toute maladie. Nous la préserverons des étoiles malignes du ciel ; nous la préserverons des étoiles du ciel porteuses de maladies. Nous la préserverons d’Amon, de Mout, de Khonsou, de Rê, de Ptah, de Bastet et de tout dieu ou toute déesse qui exercent leur puissance quand ils ne sont pas apaisés. « 
Ces documents étaient roulés, et conservés dans un étui de cuir, de bois, et même parfois en or. Cette coutume, qui par la suite a disparu en Égypte, a continué en Nubie, et l’on a publié ces derniers mois certains de ces textes, écrits dans la langue du royaume de Méroé quelque mille ans plus tard. En revanche, l’habitude de porter des textes magiques dans des étuis assujettis au cou ou au bras s’est conservée jusqu’à nos jours dans presque tous les pays d’Afrique Orientale.

La religion égyptienne antique est extrêmement complexe et déroutante, et de ce fait pas toujours évidente à comprendre. Comme la plupart des religions dites  » polythéistes « , elle a une tendance au syncrétisme, c’est-à-dire à réunir plusieurs divinités en une seule, ou réunir plusieurs divinités en une divinité aux aspects multiples ; d’autre part, là encore comme d’autres religions  » polythéistes « , elle comporte en réalité, dans les croyances des lettrés et initiés, une sorte de monothéisme de fond, puisque les divinités ne sont conçues que comme les divers aspects d’une réalité inaccessible à l’esprit humain qu’on pourrait qualifier de  » Divin « . Tout au long de l’histoire égyptienne, les divinités se sont réunies et combinées, et ce jusqu’à l’époque tardive. Certaines divinités anciennes ont ainsi parfois été totalement assimilées pour ne devenir que l’un des aspects d’une autre divinité prédominante.
A l’époque tardive, loin de connaître un déclin, la religion égyptienne connaît une effervescence au contact des religions étrangères et, selon sa vieille habitude, c’est par le syncrétisme qu’elle évolue dans la continuité. Un bon exemple en est fourni par le type de statuettes que j’ai choisi de vous montrer et que l’on qualifie de « panthées », c’est-à-dire réunissant en une seule figure les aspects de différentes divinités. Elles présentent l’avantage de réunir en une seule figure les attributs et pouvoirs protecteurs de plusieurs divinités. Au premier abord, la complexité des éléments rassemblés dans ces statuettes en font des représentations curieuses et surprenantes, qu’on a du mal d’emblée à identifier. L’exemple que nous retiendrons est celui d’Amon-Rê panthée, mais il existe d’autres divinités qui ont fait l’objet de telles représentations à l’époque tardive.




 

1-3.jpg

Amon-Rê panthée (statuette de bronze, haut. 45 cm, Epoque tardive, fouilles de J. E. Quibell à Saqqarah en 1912, Musée Egyptien, Le Caire ).

D’emblée, si on ne considère que les éléments de base de cette statuette, on reconnaît le dieu Amon-Rê, avec sa couronne caractéristique formée de deux hautes plumes sur les cornes de bélier, les cobras et le disque solaire. Mais un certain nombre d’éléments sont déroutants et inhabituels, comme la seconde paire de bras ouverte et ailée, ou des détails placés sur le corps nu du dieu.

 

2-1.jpgDe nombreux détails font référence à diverses autres divinités sur la statuette quand on l’examine de plus près. Les bras aux ailes déployées sont en principe caractéristiques de la déesse Isis dans son rôle de magicienne et de protectrice ; Isis et sa soeur Nephtys déploient ainsi souvent leurs ailes en contexte funéraire pour protéger le défunt. On pense également aux ailes déployées de la déesse vautour Nekhbet, également dans un rôle protecteur.

3.jpgSur les bras ailés, on voit à l’avant posées la tête de babouin du dieu Thot, sur le bras droit, et celle de vache de la déesse Hathor, sur le bras gauche. A l’arrière, ce sont la tête de vautour de la déesse Nekhbet sur le bras droit et celle de lionne de la déesse Sekhmet sur le gauche. Sur la poitrine du dieu se trouve le scarabée du dieu Khepri, ce qui rappelle les coutumes funéraires : une amulette de scarabée était placée sur la poitrine de la momie.

Sur le ventre, au-dessus des parties génitales, et sur les deux genoux sont placées des têtes de lionnes, attribut de la déesse Sekhmet.

5.jpg

6.jpg
A l’arrière de la tête se trouve le bélier d’Amon aux cornes recourbées, coiffé du disque solaire et du cobra. A la base des plumes de la couronne, au centre des cornes horizontales, prend place une tête du dieu Bès, là encore une divinité protectrice, associée aux naissances royales dans les mammisi des temples. Au-dessus, un cobra coiffé de la couronne atef, attribut d’Osiris à l’origine, surmontée du disque solaire.

7.jpgEnfin, dans le dos du dieu se trouve un faucon aux ailes déployées, Horus lui aussi fréquent dans un rôle protecteur en contexte funéraire royal ; ses pattes enserrent la taille du dieu.

On le voit, ce type de statuette a une fonction apotropaïque, réunissant les pouvoirs de différentes divinités dans un rôle protecteur pour éloigner les influences néfastes. Les allusions aux pratiques magiques des rites funéraires y sont particulièrement évidentes, faisant penser aux nombreuses amulettes placées sur le corps du défunt au cours de l’embaumement.

8.jpgVoici un autre exemple de statuette d’Amon-Rê panthée (bronze, haut. 23,2 cm , Epoque tardive, provenance inconnue, Musée Egyptien, Le Caire ). Ici, le dieu est identifié par l’inscription en caractères démotiques qui figure sur le socle. S’il a bien la tête de bélier du dieu Amon, son corps adopte la posture caractéristique du dieu Bès.

9.jpg

10.jpgIci le dieu Amon à tête de bélier est coiffé de la couronne atef surmontée du disque solaire. Traditionnellement, c’était plutôt le dieu bélier Khnoum qui portait la couronne atef, ce qui montre sans doute un rapprochement entre les deux divinités. De chaque côté des pieds du dieu, sur le socle, se trouvent deux crocodiles, attributs du dieu Sobek qui est lui aussi un dieu protecteur. Sur les genoux, on retrouve les deux têtes de lionnes ( Sekhmet ) observées sur la statuette précédente.

On voit se développer à époque tardive des statuettes de divinités composites, dites  » dieux panthée  » (du grec pantheios :  » commun à tous les dieux « ). Celle-ci est particulièrement impressionnante, et à mille lieues d’un art égyptien majestueux et apaisé tel que le conçoit généralement le grand public. Elle représente le dieu guérisseur nain Bès, auquel ont été rajoutés des paires de bras surnuméraires, des ailes et un phallus érigé. La divinité foule aux pieds des animaux nuisibles comme les serpents et les scorpions. Tous ces attributs lui confèrent une puissance multiforme contre tous les dangers qui menacent les humains.

 

039.jpg

Papyrus magique
Egypte, Deir el Medineh, Nouvel Empire, XXe dynastie, 1185-1070 av. J.-C.

 Papyrus, encre au carbone, lin

10 x 30 cm
Musée du Louvre, Antiquités égyptiennes

 




Ce papyrus a été découpé dans une feuille de plus grande taille afin de constituer un talisman au bénéfice d’une femme, Taiset, née de la dame Taanemakhbit. Il a pour but de préserver son propriétaire de « tout mort, de toute morte, de tout esprit néfaste homme ou femme » en invoquant l’une des formes du dieu soleil Ré. Les êtres cités sont susceptibles d’entrer dans le corps des vivants et d’y déclencher la maladie : pour les en préserver, le nom du bénéficiaire ainsi que celui de sa mère sont de toute première importance. On adjoint à l’efficacité du texte écrit en cursive hiératique celle des images de divinités. Le papyrus est ensuite plié plusieurs fois jusqu’à avoir l’aspect d’un petit rectangle, destiné à être porté en sautoir sur une cordelette de lin comportant sept nœuds aux vertus protectrices magiques. Les formules utilisées sont extraites de rituels de temples ou de rouleaux figurant dans des bibliothèques de scribes. Le site de Deir el Medineh, le village des ouvriers travaillant dans la Vallée des Rois, a livré de nombreux exemplaires tant de ces recueils que de ces talismans. Celui qui les confectionnait n’était pas un magicien professionnel mais il avait à sa disposition des textes magiques dont l’efficacité était garantie et qu’il pouvait fournir aux membres du village selon des modalités qui ne nous sont pas précisément connues.

La magie, en Egypte Antique, était censée procurer au pratiquant tout ce qu’il ne pouvait pas obtenir par des moyens plus simples. Ainsi, les Egyptiens croyaient que leurs mages étaient capables de toutes sortes de prodiges…

De nos jours, les scientifiques ne connaissent que très peu de papyrus à connotation « magique » et en ont donc une vision très incomplète. Toutefois, il leur a été possible de diviser la pratique magique égyptienne en cinq grandes catégories :

 

La Magie du Nom.
La Magie Défensive.
La Magie Productive.
La Magie Divinatoire.
Le Culte des Morts.

Magie du Nom

Pour les Anciens Égyptiens, donner un nom –ren– à un être ou à une chose revient à lui donner la vie et à lui donner une forme. Ainsi, ils lui attribuaient une puissance profonde et pensaient qu’en possédant le nom d’une personne ou d’une divinité, ils pouvaient profiter de son pouvoir et, dans le cas d’un être humain, avoir une influence sur son , avant et après la mort.

Un des pires châtiments pour les Égyptiens -en dehors du démembrement de leur corps qui rendait leur passage vers l’au-delà impossible- était la suppression de leur nom, qui plongeait ainsi leur dans l’oubli car, effacer un nom, c’est anéantir l’entité qu’il représente. A l’inverse, nommer un défunt ou une divinité, lors d’offrandes quotidiennes, c’est conserver sa mémoire.
Le nom avait une telle importance et une telle puissance, qu’il est arrivé que des Pharaons fassent effacer les stèles de leurs prédécesseur, par peur de leur influence, même après la mort, sur les affaires du royaume. Ce fut ce qui arriva à Akhenaton, le Roi Maudit, et à Hatchepsout, la seule femme qui fut Pharaon.

Un des rites magiques les plus puissants associé au Nom à vu le jour dès l’Ancien Empire. On inscrivait alors les noms des ennemis de Pharaon sur des vases -ou sur des statuettes- qui étaient ensuite brisés (« tués ») puis enterrés.

La puissance de l’image était aussi inextricablement liée à la puissance du nom : toute représentation d’un être ou d’un objet participe de cet être ou de cet objet. De là vient le pouvoir des amulettes qui étaient portées par les vivants (ou placées sur une momie) et qui représentaient des divinités ou des objets chargés de force magique. Ainsi, celui qui portait cette amulette mettait sa puissance à son propre service.

Magie Défensive

Selon le mythe égyptien de la création du monde, les anciens s’accordaient pour dire que la magie leur a été donnée afin qu’ils puissent se défendre de toutes les choses qui leur arrivent. Pour les égyptiens, persuadés que des entités maléfiques parcouraient le monde, la capacité de se défendre était ainsi une des choses les plus importantes qui soit.

  1. La Magie Prophylactique, pour repousser la mort et toutes ses créatures, tels les scorpions, les crocodiles ou encore les esprits malfaisants.
  2. La Magie Préventive, par exemple comme moyen de contraception.
  3. Les Contre-Charmes, pour repousser le mauvais œil.
  4. La Magie Curative, pour soigner les maladies et soulager la douleur.
  5. La Magie Psychologique, qui était surtout utilisé pour combattre la peur panique de la nuit qu’avaient les égyptiens.

Magie Productive

De tout temps, les hommes ont voulus créer, construire. Pour cela, les égyptiens utilisaient la magie productive.

Pour eux, la première des productions consistait à donner la vie, c’est pour cela que quasiment toutes les femmes et beaucoup d’hommes connaissaient la magie Obstétrique.

Les charmes Météorologiques leur permettaient d’avoir un certain contrôle sur leur environnement [« Ainsi tu devras accomplir ces rites lorsque la tempête fait rage à l’Est du ciel, ou lorsqu’elle se termine à l’Ouest, pour empêcher les nuages d’orage à l’Est des cieux… Ainsi tu devras accomplir ces rites de nombreuses fois contre le mauvais temps, afin que le soleil brille et qu’Apophis soit renversé pour de bon« ].
L’homme, quelque soit l’époque, à toujours voulu aussi construire des relations amoureuses, afin de construire la vie. C’est le troisième type de magie productive : la magie d’Amour. Les sorts pour assurer de bonnes performances sexuelles étaient aussi utilisés dans le cadre des funérailles (Isis ramène Osiris à la vie et de cet union naîtra un fils) et les charmes à caractère érotique étaient fréquemment utilisés.

Magie Divinatoire

Si la magie est omniprésente dans la vie quotidienne de l’ancien Égyptien, c’est encore plus le cas avec les formules de Divination, qui sont des formules intermédiaires entre les « recettes de bonne femme » que nous utilisons encore de nos jours et les actes plus purement « magiques ».

La civilisation égyptienne ne croyait pas à l’astrologie. Celle-ci, en effet, n’apparaît qu’à l’époque gréco-romaine et vient de l’étranger. En revanche, les Égyptiens croyaient au rapport entre les événements mythologiques et la vie quotidienne ; ils dressèrent de véritables calendriers des jours fastes et néfastes, selon les aventures des Dieux et Déesses.
De plus, ils pensaient que leurs rêves les instruisaient au sujet de l’avenir et ils ont composé des « clefs des songes ». Ainsi, si un rêve annonçait un malheur, celui-ci pouvait être écarté par une requête à Isis, la Magicienne Suprême.

Enfin, il est intéressant de noter que la consultation des Oracles n’était pas considéré comme une pratique magique.




Culte des Morts

En Égypte Antique, les rites funéraires étaient totalement imprégnés de magie et, puisqu’il n’y avait pas de rupture entre le monde des vivants et le monde des morts, les égyptiens n’hésitaient pas à adresser des « Lettres aux Morts », leur demandant d’intervenir en leur faveur. Ces lettres, écrites sur des poteries, parfois sur papyrus, étaient déposées dans la tombe.

Une autre méthode, qui mêlait magie et religion, consistait à verser de l’eau sur une statue couverte de figurations des dieux (ou du défunt) et des formules appropriées ; en passant sur les hiéroglyphes, l’eau s’imprégnait de leur puissance, et il suffisait alors d’absorber cette eau pour l’assimiler. Cette pratique avait pour but d’immuniser contre les dangers terrestres (piqûres de scorpion, morsure de serpent) ou surnaturels (hostilité d’un dieu ou d’un génie malfaisant, voire d’un revenant).

Et la Magie Maléfique ?

Les Égyptiens n’ont jamais fait de distinction entre Magie « Blanche » et Magie « Noire ». Néanmoins, toute forme de magie destinée à blesser autrui -de quelque façon que ce soit- était illégale et très sévèrement punie par la loi.

Il existe des papyrus de la XIXe Dynastie qui relatent l’histoire de deux apprentis magiciens mal intentionnés. L’un d’eux a usé d’écrits magiques pour tromper la vigilance de ses supérieurs – et ainsi abuser de leur confiance – en confectionnant des statues de cire ainsi que des potions pour affaiblir les gardes, tandis que l’autre s’est procuré des écrits pour se rendre impressionnant et majestueux afin d’être introduit au harem pour abuser d’une partie de celui-ci et subjuguer l’autre. Ces deux criminels furent condamnés à mort.

La magie était très présente dans la civilisation égyptienne. Elle se manifeste par des forces divines pouvant être utilisées par la parole ou l’image ainsi que d’autres procédés. Deux dieux sont principalement associés à la magie : Isis l’épouse d’Osiris, c’est ainsi que dans le mythe de la ruse d’Isis elle empoisonne Ré pour lui soutirer son nom et par cela avoir un pouvoir sur le dieu soleil. La deuxième divinité est Heka qui est une personnalisation de ces forces mystérieuses. Tout d’abord on peut dire que la parole possède une puissance importante dans le domaine magique. En effet si on prononce le nom d’un défunt, cela permet de l’animer dans l’autre monde. On peut d’ailleurs voir que le verbe est à la base de la conception du monde : le démiurge Amon appela son double Ré par la parole pour le faire « naître ». La parole est une puissance créatrice. Cette dernière se manifeste dans les tombeaux qu’on a retrouvés. Souvent le défunt sur les représentations était représenté devant une table d’offrandes pleine à craquer de mets, autour étaient inscrites des formules magiques qui, prononcées par un prêtre ou le défunt lui même, permettaient de nourrir le mort.

Des formules permettaient aussi d’animer les oushbetis (« les répondants »), ces statuettes représentant des serviteurs, qui effectueront les travaux du mort dans l’Amanti, le domaine de ceux qui ont été proclamés justes de voix par le tribunal d’Osiris (qui sont reconnus purs).

Les représentations dans les tombes ont la même fonction que les formules magiques. Si on revient dans le monde des vivants, on sait que certains Egyptiens faisaient couler de l’eau sur des pierres couvertes de symboles magiques. Cette eau se chargeait de vertus bénéfiques au contact de la pierre qui faisait ainsi acquérir au buveur une immunité à certains poisons. Dans le domaine de la protection, on peut aussi prendre l’exemple du scarabée, ce dernier était un protecteur du cœur, certaines momies se faisaient implanter des scarabées dans la poitrine. Couverts de symboles, ils étaient garants de la pureté du défunt devant Osiris. Mais la magie pouvait prendre un caractère plus offensif. Ainsi les généraux avant une campagne faisaient inscrire puis détruire des tessons de poterie aux noms de leurs ennemis.  Sinon on peut noter que les Statues permettaient d’établir un lien entre les dieux et les hommes.

Mais rien ne vaut un bon exemple au lieu de discourir donc allons y : Tout d’abord on peut prendre le cas des stèles de pèlerinage. En effet les Egyptiens effectuaient des pèlerinages envers des lieux que l’on pourrait qualifier de saint. Si on prend l’exemple d’Osiris, la légende dit que Seth dépeça le corps de son frère et jeta les morceaux dans le Nil. La tête du futur dieu de l’au-delà fut retrouvée à Abydos et en devient la relique. Ainsi les Egyptiens allant au sanctuaire d’Abydos vont laisser une stèle à leur nom dans le domaine du dieu pour s’attirer ses bonnes grâces.

Ensuite nous pouvons prendre des cas où la statue peut servir de « récepteur » d’une force divine. Thoueris, la déesse des naissances représentée sous la forme d’un hippopotame avec une tête de lion était présente aux accouchements sous la forme d’une statuette écartant ainsi les forces nocives.

taouret.jpg

Statue de Thoueris, la déesse au corps composé de plusieurs espèces animales – Statue du British museum

La statue enfin peut devenir entièrement l’enveloppe du dieu. L’oracle d’Amon était constitué de prêtres-porteurs soutenant la statue du dieu caché. Si on pose une question à la statue et que celle ci force les porteurs à aller de l’avant, sa réponse est positive, dans le cas inverse si elle recule, elle est négative. Vous me direz que la volonté des clercs n’était peut être pas complètement dénuée d’importance, mais si le personnage posant la question veut s’allouer le soutien de la divinité, elle aura au moins celui du clergé la représentant dans le domaine terrestre.



Enfin si une statue contient l’essence ou le pouvoir du dieu, on peut constater qu’une amulette peut avoir le même effet. Une des plus célèbres de la multitude d’objets protecteurs est l’œil Oudjat.

Source de l’article prestistory.e-monsite.com

REJOINDRE LA CHAINE YOUTUBE EVEIL TV AFIN DE RECEVOIR LES NOUVEAUX DOCUMENTAIRES

eveil tv - chaine youtube

Faire place au sacré

Ramenée à la spiritualité, l’expérience du sacré est, comme l’évoquait Carl Gustav Jung, ce qui, venant d’ailleurs, nous saisit et nous donne le sentiment d’être. Elle nous coupe momentanément des pensées et des sensations ordinaires pour nous relier à une dimension plus vaste de l’existence.

Flavia Mazelin Salvi



Les Grecs anciens considéraient le sacré en tant qu’expérience mystique, comme une force qui guérit et revitalise l’être tout entier. Une conception de la transcendance qu’ont partagée tous les grands mystiques, des Pères du désert jusqu’à la Rhénane Hildegarde de Bingen. Plus près de nous, l’Anglaise Evelyn Underhill, l’une des premières mystiques chrétiennes du XXe siècle, affirmait que ceux qui ne se relient par à la dimension sacrée de l’existence ne peuvent pas être pleinement conscients ni tout à fait vivants. Pour le moine bénédictin Anselm Grün, l’enjeu est de trouver en soi, sans se retirer du monde, un espace sacré, un absolu, comme un morceau de ciel accessible à tous, et qui ne se vend ni ne s’achète.

A lire : Femmes en quête d’absolu, de Simone Weil à Elizabeth Kübler-Ross d’Anne Bancroft (Albin Michel, 1991)

 

Humain et divin à la fois

« Nous sommes aujourd’hui dans une situation d’exil, un exil qui s’est normalisé au point que nous n’imaginons plus pouvoir en sortir. Même les religions se contentent le plus souvent d’aménager au moins mal cette situation, sans permettre d’en sortir », affirme, dans Enquête au cœur de l’être, l’écrivaine Annick de Souzenelle, qui a voué sa vie à la lecture symbolique de la Bible. Pour cette intellectuelle qui a forgé sa pensée en étudiant la théologie, la psychanalyse et la langue hébraïque, l’humain doit revenir de l’exil où l’a envoyé l’absence de conscience de sa propre divinité. Pour cela, il doit « devenir une personne » et retrouver en lui « le noyau divin ». Sans la conscience qu’être vivant signifie bien plus qu’être en vie, l’homme est voué à mener un destin animal. « A tel point que l’hébreu n’a pas de mot pour désigner le corps tant que nous sommes un corps animal, remarque Annick de Souzenelle. Pour nos textes sacrés, l’homme animal est un cadavre. Le corps n’exprime quelque chose de vivant que lorsque nous entrons en résonance avec la personne intérieure, basar, en hébreu, qui signifie « chair ». » Dans Dialogues avec l’ange, le texte qui retranscrit l’enseignement spirituel reçu pendant la Seconde Guerre mondiale par quatre amis hongrois, l’entretien du 21 janvier 1944 dit sensiblement la même chose : « L’animal a faim, il se rassasie et cela suffit. L’homme est rempli, il rayonne – et cela ne suffit jamais, donc sa joie n’a pas de mesure. C’est le secret de la Vie Éternelle. » Ainsi, pour être pleinement humain, être en vie n’est pas suffisant, il nous faut apprendre à devenir plus vivant, mais aussi, comme il est dit dans la Bible, à devenir « le gardien de son frère ». Olivier Clément, théologien orthodoxe, nous rappelle ainsi que, à l’origine de toute civilisation, il y a transformation de l’ennemi en hôte.



A lire : Enquête au cœur de l’être, ouvrage collectif dirigé par Georges-Emmanuel Hourant (Albin Michel, 2008) / Dialogues avec l’angle de Gitta Mallasz (Aubier, 2007).
Le sanctuaire personnel

Aménagez-vous un espace sacré avec l’exercice de John Daido Loori pour développer votre spiritualité en toute sérénité.

Eveil Tv - spiritualité
bouddha (image pixaby)
7 citations importantes de Bouddha




Pris dans la ronde des contraintes, des habitudes et des croyances, nous avançons dans la vie à demi éveillés. Trop souvent, nous projetons nos efforts et nos ambitions à l’extérieur, et nous négligeons notre intériorité. Don Miguel Ruiz, auteur mexicain du best-seller international de développement personnel et spirituel Les Quatre Accords toltèques, donne quatre clés pour bâtir un sanctuaire intérieur afin de grandir en spiritualité. « Que votre parole soit impeccable; quoi qu’il arrive, n’en faites pas une affaire personnelle, faites toujours de votre mieux. » A ce sanctuaire immatériel, John Daido Loori, maître zen américain, propose d’ajouter un sanctuaire bien réel, chez soi. Cet espace sacré, affirme-t-il, est le point central d’où découle tout le reste.

A lire : Les Quatre Accords toltèques de Don Miguel Ruiz (Jouvence, 2005). source de l’article http://www.psychologies.com

[wysija_form id= »1″]




 

REJOINDRE LA CHAINE YOUTUBE EVEIL TV AFIN DE RECEVOIR LES NOUVEAUX DOCUMENTAIRES

eveil tv - chaine youtube