Le présent guérisseur

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par Frank Hatem

Le monde conscient de l’espace-temps, lorsqu’il n’est pas reconnu comme le moyen du Vrai éternellement inconscient, est source de mal-être.

On s’imagine souvent que l’inconscient est là pour permettre le conscient, seul réel, c’est exactement l’inverse.

Le Réel vrai est inconcient, notre conscient est l’illusion qui le permet.

Le mal-être habituel et toutes les formes qu’il prend est issu de cette méconnaissance de soi. Cela amène à avoir des attitudes contraires à notre nature, et on en subit évidemment les conséquences. La volonté psychologique d’échapper à l’évidence absolue est très facile à expliquer. Ce dont il faut guérir justement (car on y est tous soumis), c’est justement de cette peur du Vrai qui nous entraîne dans des concepts absurdes de temps absolu, d’espace absolu, de matière absolue, indépendants de soi, illusions du conscient.

Il est tout à fait normal d’avoir peur du Vrai puisque le conscient est régi par le mental. Et que le mental est fait pour donner sa consistance à l’illusion, et défendre nos limites par rapport à la croyance en un ressenti « extérieur » qui en fait n’est que sensations intérieures (les physiciens parlent de « donné extérieur » mais ce n’est pas un « donné extérieur ». Il n’est pas extérieur bien sûr puisqu’il est une forme de notre conscience, et il n’est pas un « donné », puisqu’il est créé et recréé inconsciemment à chaque instant. Penser qu’il est « donné » suppose un « donneur », autrement dit « Dieu ». Tous les physiciens en sont là, qu’ils le reconnaissent ou non).

Se reconnaître la source de toute chose (en tant qu’être, pas en tant que personne évidemment – mais je suis l’Etre et non une personne) c’est reconnaître sa solitude et son infinité potentielle. Insupportable pour le mental bien sûr, d’où une profusion de maladies mentales chez tous ceux qui ont quelque vision ou interrogation métaphysique. Ainsi les bons matérialistes qui ne remettent rien en cause ont-ils plus de facilité à être équilibrés et à tenir le haut du pavé social.

Il n’en reste pas moins que ce vernis cache mal leurs profondes interrogations et angoisses métaphysiques soigneusement rejetées. Et que ce n’est pas en se soumettant à cette peur qu’on réalise le Grand Projet humain, mais en la dépassant. Et pour la dépasser, il faut d’abord que l’ego soit fort. Très fort. Solidement enraciné mais pas dans l’apparence de la dualité. Dans la perception de l’unité qui transcende toutes les dualités. Ce n’est évidemment pas facile. Il n’y a pas de recette. Tout le monde cherche cela avec ses moyens. Il faut simplement faire confiance que ce n’est pas une impasse ni une source de folie. Il est possible d’aboutir à cette compréhension du processus d’illusion universelle, en ne se laissant pas dominer par la peur, et pour cela en méditant toujours sur le Vrai, sur l’infini et ses implications, sur le Présent et le fait qu’il contient tout. Passé comme avenir.



On peut tout à fait trouver le courage de plonger dans l’eau en s’habituant mentalement à l’idée que l’on nage sous l’eau avec aisance. Il faut suivre ce modèle avec les peurs métaphysiques.

Gérer l’esprit en tant que cause (secondaire), cela est l’exercice que tout un chacun devrait s’habituer à pratiquer, car il est cause. Au lieu de persister dans l’illusion que l’on dépend du monde, que nos décisions sont liées aux circonstances, qu’on est dans le monde, qu’on est arrivé alors que le monde était déjà là et qu’il sera encore là quand on aura disparu, il est bon de se regarder créer le monde. Ainsi on se rapproche de son inconscient et on se libère de son conscient.

Toutes ces illusions sont vraies du corps, de l’ego, mais pas de l’esprit. Le corps est dans l’univers, dans l’espace-temps, il dépend largement des autres et du monde, MAIS JE NE SUIS PAS CE CORPS. De même en tant qu’ego je serais le produit de mon entourage et de mon passé. Mais je ne suis pas cet ego.

Ceux qui font de grandes choses sont ainsi spectateurs de leur personnalité au lieu de la revendiquer. Gandhi disait « si vous me torturez, vous posséderez mon corps. Mais vous n’aurez pas mon âme ».

Ce que je suis contient ce corps, et contient tout cet univers, y compris ses passés et ses avenirs ; ce que je suis c’est L’ESPRIT. Et à l’intérieur de cet esprit, de ma conscience en particulier, circulent, bougent, se meuvent, naissent et meurent tous les univers.

Vous mesurez la peur que cela peut susciter. La solitude immense que cela met en évidence. Ce n’est pas le moment de défaillir, de sombrer dans le désespoir ou de prendre la fuite. C’est le moment de ce dire : « chouette, on va visiter cette nouvelle façon de voir, il n’y a rien à craindre de toute façon puisque je suis la conscience, et on m’a déjà prouvé de façon certaine que cette conscience est éternelle. Et donc tout va bien en toute circonstance. C’est un voyage. Je ne peux rien perdre, je ne peux que gagner plus d’infinité, plus de moi-même, plus d’autonomie, de puissance créatrice et d’amour. De toute façon je ne sombrerai jamais dans le néant puisqu’il est impossible… sans la conscience. Le vrai Moi ».

Le seul renoncement est le renoncement à l’attachement. L’attachement aux habitudes de penser et de croire, attachement à l’ego, à ses mémoires, à ce et ceux qui entourent notre corps etc. Pas pour les faire disparaître, mais pour en prendre congé en tant que facteurs de dépendance. Désormais ce sont des parties de moi que j’aime infiniment plus.

Aimer c’est être présent. Comme pour la musique. C’est être l’Eternel. Lui seul aime, et ma douleur c’est de croire que je suis l’ego temporel, car il est incapable de vraiment aimer.

J’entends de ci de là certains qui se raccrochent au temps en pensant : « le temps existe bien puisque les instants présents se succèdent ».

Pas du tout. Les instants ne se succèdent pas, ils sont tous contenus dans un seul instant nul, unique et éternel (éternel cela veut dire indépendant du temps), et de façon FRACTALE (on ne peut donc pas dire où finit un instant et où commence l’autre). C’est-à-dire que dans mon présent sont inclus une infinité potentielle d’autres présents, ceux de mes cellules, de mes atomes etc., de chacun d’entre nous, autant que ceux du Soleil et des étoiles. De même que ce n’est pas de l’espace qui sépare deux individus mais du temps, de même deux instants ne sont pas séparés dans le temps mais l’un est contenu dans l’autre. Tout notre être et tout l’univers n’est qu’à l’image de « cercles » concentriques en spirale, la conscience passant de l’un à l’autre, créant à la fois l’illusion des individus et des époques, tout cela étant vécu par un seul Etre : le seul Soi.

Tout instant est présent mais il n’y en a qu’un et on en vit tous les changements puisque son infinité est impossible (revenez toujours à la vérité fondamentale). Il y a donc une infinité virtuelle de ressentis d’instants tous différents en contenu, et lorsque je crois circuler dans le temps entre un instant et un autre, en fait je ne fais qu’échapper à une illusion sans durée au profit d’une autre illusion sans durée, tout cela étant manipulé par la Nécessité de cet impossible infini, me donnant cette impression d’évoluer et de durer au lieu de n’être que présent. Ne vous étonnez pas que ce soit difficile à raconter avec des mots mentaux. J’espère parvenir à vous faire ressentir un peu de quoi il s’agit.



SI J’ETAIS TOTALEMENT ET UNIQUEMENT UNI A L’INSTANT PRESENT, JE SERAIS CONSCIEMMENT INFINI, et cela est absolument impossible. Il s’ensuit que je crois au temps, succession d’états de conscience, de non-infinités… jusqu’à l’infini.

Comme chaque nombre est un passage obligé vers le nombre infini qui n’existe pas.

Le Présent qui est la seule réalité, c’est comme le Néant qui est la première Nécessité : il n’est jamais vécu vraiment mais il est pourtant le potentiel absolu, le Vrai, qui implique toutes les illusions.

L’instant présent est nul en durée, infini en espace. Comme la conscience qu’il est. Qu’on parvienne à annuler aussi l’espace (c’est le but de l’amour) et alors l’Absolu néant est. Mais il n’est jamais. L’amour est éternel.

Toutes nos activités humaines importantes ont pour but de s’unir davantage à l’instant présent, et en même temps à la solitude totale de l’Etre : l’amour en premier lieu, bien sûr, qui cherche à intégrer l’autre en soi, en le reconnaissant, en le touchant, en le mangeant éventuellement, mais aussi bien sûr la méditation, qui cherche à supprimer la pensée au profit du ressenti immédiat, mais encore des choses bien plus matérielles : le sport, la cuisine, l’art, la danse, la politique, la guerre etc. Allez donc faire un match de foot en pensant à autre chose, à vos vacances ou à votre dispute du matin avec votre femme… vous verrez le résultat pour votre équipe. Allez donc faire la cuisine en téléphonant ou en regardant la télé… allez donc tenter de créer une chanson, une peinture, ou planter un clou bien droit sur votre charpente en n’étant pas entièrement présent à ce que vous faites… Allez donc faire un câlin à votre enfant en pensant aux impôts, il s’en apercevra tout de suite. Toute notre vie est une invitation à être davantage présent parce que c’est là que se situe le But nul et infini. Un homme politique qui calcule, qui pense à sa popularité, aux élections ou à son lobby préféré est un imposteur qui mène sa nation au désastre. S’il est présent, c’est-à-dire s’il est en phase avec son peuple, relié autant aux besoins communs de chaque instant qu’à la Terre et au Ciel, alors il sera un homme politique inspiré et magique qui marquera l’histoire. De même qu’un chef de guerre, invulnérable parce qu’il est plus dans l’unité avec la situation globale que l’adversaire qui lui, calcule et pense, se coupant du présent et attendant un RESULTAT à la place de s’identifier à un BUT.

Vous voyez la différence ? J’incarne le But, je suis présent. Je suis ce but. C’est comme si il était déjà réalisé. Si j’attends un résultat, je suis l’ego qui veut posséder quelque chose, et donc je me coupe de la magie de l’univers qu’est cette Source-but unique. Mais les moyens sont libres. Les moyens sont guidés par le but, je n’ai pas à y penser. On traverse le pont d’Arcole avec audace sans compter combien il y a de fusils en face. Celui qui calcule au contraire, cherche des moyens en fonction d’un résultat, et si le résultat est là il est content, si le résultat n’est pas là il est mécontent. Il n’est pas détaché. Il est cuit. Entre deux adversaires aussi calculateurs l’un que l’autre, ce qui est généralement le cas, évidemment un jour l’un gagnera, un jour ce sera l’autre. Mais il n’y aura jamais la paix. Par contre face à celui qui est présent, il n’y a plus d’adversaire. Son charisme emporte l’adhésion. Et si ce n’est le cas, il marquera l’histoire à jamais. Les autres, on les aura oubliés.

Si Gandhi avait poursuivi un résultat, il n’aurait rien fait. Il n’a été qu’un BUT : incarner et vivre la justice là où il est, quel qu’en soit le prix.

Si je suis le présent, je suis créateur. Ma vie devient un libre choix, car les moyens sont créés par mon choix de même que la limaille de fer de l’univers s’organise lorsqu’on place un aimant au milieu. « La décision crée la magie » comme disait Goethe.

L’Etre est un but. Ce but est la cause. Cette cause est présente.

Mais reconnaître que je suis libre créateur suppose que je reconnaisse que je suis aussi le libre créateur de tout le passé supposé auquel je me suis identifié, de mes conditionnements, des attaques, des joies et des réussites. Rien ne s’est fait autrement que par moi. Si je le reconnais et m’en réjouis, je suis libre.

Mes mémoires sont dans le présent, et c’est dans le présent que je les crée et leur donne ou pas leur pouvoir sur ma vie. Si je leur donne du pouvoir, c’est afin d’échapper à ma transformation. Si je les chasse comme ma création devenue inutile, je m’en libère, et avec moi vient l’énergie créatrice. JE SUIS LA CAUSE, et personne d’autre, jamais, ne possédera mon âme. Et niant l’évidence vraie, en voulant croire que mes parents, l’éducation, les gens qui m’ont violé(e) quand j’étais petit(e), ou le Président de la République, sont responsables de ce que je suis aujourd’hui, de mes réactions, je trouve des tas d’excuses pour ne pas changer, pour continuer à souffrir tel que j’ai l’habitude de souffrir.

C’est pourquoi guérir c’est comprendre.

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